A La Seyne-sur-Mer, les populations originaires de la région de Bizerte en Tunisie sont les plus nombreuses.
Ma mère connaissait les filières. Elle était jeune et très active. Elle est dans l’association “Femme dans la cité” depuis sept ans. Elle a suivi des cours d’alphabétisation, elle participe aux actions de l’association. »
Jaoued Demnati
Les mères, l'école
« Sur six enfants, cinq ont bac + 2. C’est grâce au sacrifice de ma mère. Il fallait être intellectuel et pas manuel comme mon père. Un est allé jusqu’au doctorat.
La relation au pays d'origine des parents
« Mes parents sont franco-marocains au fond d’eux. Je suis même surpris parfois comme ils s’estiment différents des Marocains du Maroc. Ils ont une belle maison au Maroc. Ils étaient un mois là-bas et 11 mois en HLM ici. Ils auraient mieux fait de faire l’inverseL Il fallait faire une belle maison en tant qu’immigré. Moi je suis Français avant tout. Je fais tout en France, je construis en France, je fais mes enfants en FranceL Je me suis toujours dit : " le Maroc est beau mais la France, nous la chérissons". »
Jaoued Demnati
Le politique, l'associatif
« En 1995, Maurice Paul* est venu nous voir dans les quartiers. Je me suis impliqué à faire voter les gens. On était deux à faire ça. Depuis, je suis dans la politique. J’ai appris à m’exprimer librement grâce à Maurice Paul même si on savait qu’on était instrumentalisé. Il nous a ouvert le conseil municipal à nous la jeunesse. J’ai été élu aux offices HLM par les habitants du quartier, je les ai défendus. La politique m’a fait grandir. Avant on était des subalternes. »
Jaoued Demnati
*Maurice Paul, maire communiste de La Seyne-sur-Mer de 1 995 à 2001
Du centre ville au quartier Berthe
« A Berthe il n’y avait pas tous ces bâtiments. Il y avait des routes encore en terre, là où il y a une nouvelle résidence à l’entrée du Germinal, il y avait des pierres, un figuier, un grand champ pas de circulation. »
Mohamed Bejaoui
« L’arrivée au Messidor était un rêve : baignoire, toilettes individuelles, 100 m². Ma mère pleurait de joie. On était deux familles seulement pendant 6 mois dans la cage d’escalier. Il n’y avait pas de goudron. Au Germinal, il y avait un ruisseau, de la boue. Et ensuite il y a eu la mixité : l’instituteur, la police, les gens du chantier. »
Jaoued Demnati
Nous, Jaoued, Karim,Mohamed... les autres qui avons grandi à La Seyne-sur-Mer
Nés à La Seyne ou arrivés alors qu’ils étaient enfants, c’est là qu’ils se sont construits. Ils ont grandi dans les appartements confortables du quartier Berthe qui était alors le quartier ouvrier de La Seyne-sur-Mer. Ils ont connu l’entraide et la solidarité mais aussi l’appauvrissement du quartier avec la disparition des chantiers navals.
Ils ont vu leur père travailler durement et vouent une grande reconnaissance à leur mère soucieuse de leur réussite scolaire et de leur intégration à la société française. I ls se sont engagés dans le monde associatif ou politique pour venir en aide aux plus démunis ou réparer les injustices.