Dans les années 1970, Arthur Debuc réside à Toulon où il termine sa carrière de militaire dans la Marine nationale. Il visite régulièrement des amis africains à La Seyne-sur-Mer. Avec eux naît l’idée de créer l'association des travailleurs noirs (ATN) de l’agglomération toulonnaise, afin de venir en aide aux familles africaines nombreuses sur le territoire seynois. En 1976, l’ATN qui deviendra l’Amicale africaine du Var est officiellement déclarée en préfecture.
Arthur Debuc est originaire du Sénégal. Très pieux comme sa mère, il entre au séminaire à 1 3 ans près de Dakar, puis il est envoyé dans un séminaire dans la Drôme où il poursuit ses études secondaires. La guerre est là, Debuc mobilisé fait son service militaire dans l’artillerie coloniale. En 1943, il fait partie de l’armée de libération d’Afrique du nord. En 1944, avec son régiment de « tirailleurs sénégalais », il débarque à Marseille puis rejoint les Vosges. A la fin des combats, Debuc connaît les révoltes, de ces combattants-vétérans, « des durs », dans le sud de la France puis à Dakar, terminées tragiquement. Après la démobilisation, Arthur Debuc s’engage dans la marine française. I l est affecté à Toulon, Bordeaux, Dakar, Diego Suarès. Fort d’une famille de six enfants, il termine sa carrière à Toulon en 1981 .
Pendant plus de vingt ans l’association des travailleurs noirs, dont Louis Mendy est le président, a une activité intense. Elle se répartit entre des activités festives et collectives et l’aide individuelle aux personnes. Les femmes, bien qu’absentes des instances officielles de l’association, vont jouer un rôle majeur. Elles sont le lien indispensable avec les familles et avec les enfants.
L’association contribue aux activités festives internes au groupe familial : mariage, baptême, fête des mères, Noël.
La paroisse Saint-Jean ou la paroisse Notre-Dame de Bon-voyage avec le père Carli soutient les membres de l’association majoritairement catholiques.
L’association, qui n’a pas de lieu de réunion propre, devient partenaire du centre social et culturel de Berthe (futur centre Nelson Mandela), se réunit dans les locaux du foyer AVOM (futur foyer API) qui loge un grand nombre de travailleurs africains, à la Maison du peuple au centre-ville ou à la salle paroissiale Saint-Jean.
Les activités collectives
Baptême, mariage, fête des mères et fêtes religieuses réunissent les membres de l’association.
L’association participe activement aux fêtes du quartier : Carnaval, fête de la Saint-Jean, bals, etc.
L’association organise des sorties à la découverte de la région (Verdon) et d’ailleurs (Italie), très prisées par les familles.
Ambitieux les dirigeants de l’association souhaitent faire connaître le pays d’origine des parents « car la plupart des ces jeunes avaient quitté le pays depuis leur enfance et certains, nés en France, ne le connaissaient pas ». En 1985, ils créent une bibliothèque afro-antillaise de plus de 400 ouvrages recensés, destinés aux étudiants et aux enseignants.
En 1991, ils organisent un voyage au Sénégal pour l’équipe de football.
Dans le cadre de la politique du retour au pays, l’ATN soutenue par d’autres associations participe en 1985, au projet « Retour en Casamance », communément appelé projet Tobor, du nom du village casamançais. Quatre travailleurs sénégalais au chômage ont le projet d’installer une exploitation d’élevage porcin et avicole à Tobor. L’expérience échouera au bout de quelques mois.
L’aide aux personnes
L’association porte une attention particulière aux jeunes, elle organise le soutien scolaire, soutient la préparation au BAFA pour quelques uns. Elle remet prix et récompense aux meilleurs d’entre eux. Elle crée deux équipes de football pour les jeunes adolescents. Des après-midis de loisir réunissent des enfants d’origines diverses. « Ces activités réunissaient des jeunes d’origine sénégalaise et certaines jeunes arabes du quartier. Ils venaient volontiers lors d’organisation de jeux de dames, de cartes, lors des goûters, animés parfois par la musique…surtout pour approcher les communautés africaines et arabe. C’était très prisé par les adultes arabes, préférant voir leurs enfants dans ces activités plutôt que dans la rue. Ces activités se passaient à la paroisse. »
L’ATN aide les individus en difficulté :
Aide financière, aide administrative, judiciaire.
Après la fermeture des chantiers navals, l’ATN aide les femmes dans la recherche d’un emploi, « un second salaire étant bienvenu dans les foyers où le chef de famille était au chômage ». En même temps les femmes prennent la relève.
Le déclin
En 1994, l'association des travailleurs Noirs de la région Toulonnaise change d'appellation et devient « l'Amicale africaine du Var » afin d'éviter le côté trop politique et revendicatif qu'impliquait la première appellation.
Les chantiers navals ont fermé, beaucoup de travailleurs africains sont partis. Les femmes, si présentes dans les activités associatives, prennent leurs affaires en main : elles travaillent, elles créent leurs propres associations « les Tontines » qui leur apportent une aide financière substantielle pour l’aboutissement de leurs projets personnels (mariages, décès, construction de maison au pays, achats divers, etc.). Les temps changent.